de la coupe de France
Natation - ChM : Lucas : «Laure n'a pas le choix»
De passage dans nos locaux dimanche soir, en provenance directe de Lyon où s'était déroulée tout le week-end la deuxième étape de la Coupe de France, Philippe Lucas est revenu sur les performances de son élève Laure Manaudou, qu'il avait jugées très médiocres à chaud. Avec quelques heures de recul, le bouillant coach réitère-t-il ou bien tempère-t-il ses propos ?
«Philippe Lucas, vous avez été très sévère avec Laure Manaudou. Vous avez même dit "c'est nul" alors que vendredi elle s'était imposée sur 800 et 1500 m, avant, samedi, de réaliser la meilleure performance mondiale de l'année sur 400 m nage libre (4'06"08)...
Le vendredi, c'était de la merde ! A un moment, il faut dire les choses. Quand vous êtes à 16" de votre record de France, on ne peut pas dire que c'est bien. Le lendemain c'était un peu mieux, ouais. D'accord, avec le temps qu'elle fait, elle est en tête des bilans mondiaux, mais elle vaut bien mieux que 4'06".
Ce rendez-vous de Lyon était présenté comme une répétition générale avant les Mondiaux de Melbourne. Mais vous, qu'en attendiez-vous exactement ?
Tu parles, c'était pas une répétition... Qu'est-ce j'en attendais ? J'attendais de Laure qu'elle monte en puissance. J'aurais aimé qu'elle nage en 4'- 4'04". Bien sûr qu'elle ne fait pas un mauvais temps ! Mais elle n'a pas décollé. Comme je dis, aux Championnats du monde, à 4'06", ça vous pète au cul, vous pouvez vous faire battre. Si vous nagez à 4'01", là vous êtes tranquille. Et, je vais vous dire : Laure, c'est moi qui la connais le mieux, et je sais que pour elle, 4'06", ce n'est pas bon.
Quel va être le programme jusqu'à vendredi et votre départ pour Melbourne ?
D'ici là, on s'entraîne toujours deux fois par jour. Vendredi, on prend l'avion, et quand on arrive dimanche matin, on s'entraîne direct, pour ne pas perdre le rythme et se mettre dans l'ambiance.
Vous abordez quand même avec confiance ces Mondiaux ?
Comme je dis toujours, ce qu'il faut, c'est passer le cap des séries, et puis gagner. Laure n'a pas le choix : elle est championne olympique, championne du monde et championne d'Europe. C'est comme ça. Ce n'est pas de sa faute, mais si elle finit seulement deuxième, elle va se faire flinguer.
A Lyon, on vous a également entendu critiquer sérieusement les politiques sur leurs prises de position concernant le sport, ainsi que le manque d'infrastructures en France.
Oui. Parce qu'en fait, on parle de tout sauf du sport. Et les candidats devant le CNOSF, l'article dans le journal le lendemain, tout ça, c'est de la trompette! On n'a pas les infrastructures. Alors, il y a un moment où, d'accord, on parle des quartiers, que les jeunes doivent s'en sortir par le sport... Mais si les politiques pensent que c'est avec deux poteaux et un éducateur qu'on va faire avancer les choses ! Déjà, il faudrait qu'ils commencent à en parler avec des gens qui sont vraiment compétents.»
(Propos recueillis par Myrtille Rambion)
publie le 25.02.07
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