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La jeune fille de l’eau

Après une année 2005 de décompression post-olympique, Laure Manaudou a éclaboussé de toute sa classe les bassins, petits et grands. Au point de s’offrir le mythique record du 400m nage libre et de rentrer dans l’histoire de son sport à tout juste 20 ans.

Par Cédric Callier

De Tours à Helsinki
Par où commencer pour évoquer l’année exceptionnelle que vient de vivre Laure Manaudou. Par les innombrables records qu’elle a battus ? Par l’impressionnante collection de médailles qu’elle a décroché ? Ou tout simplement par l’impression qu’elle laisse de survoler sa discipline comme rarement une nageuse de 20 ans l’aura fait avant elle ? Difficile à dire. Inévitablement, il serait tentant d’ouvrir le bal par une litanie de chiffres à donner le vertige. Championnats d’Europe et de France petit et grand bassin réunis, la native de Villeurbanne a ainsi glané en 2006 la bagatelle de 23 médailles d’or, 3 d’argent et 4 de bronze. Soit autant de breloques qui viennent s’ajouter à celles, déjà fort nombreuses, encombrant certainement plusieurs de ses armoires. Mais au-delà de tous ses titres, ce qui restera certainement de ce millésime sans Jeux Olympiques ni Mondiaux, c’est sans aucun doute ce record du monde du 400m nage libre qu’elle allait améliorer par deux fois. Une première à Tours, lors des championnats nationaux, où elle signait un retentissant 4’03’’03, soit 8 dixièmes de mieux que la marque mythique laissée par Janet Evans aux JO de Séoul en 1988 ! Mais non contente d’être au Panthéon de son sport, la protégée de Philippe Lucas ne s’arrêtait pas là et 3 mois plus tard, le 6 août pour être précis, elle récidive aux Europe à Budapest. De manière presque irréelle puisque cette fois, elle l’améliore de quasiment une seconde pleine (4’02’’13). Et histoire d’enfoncer le clou, elle a aussi amélioré son propre record du monde du 400m en petit bassin à Helsinki, s’approchant de la barrière des 3’56 (3’56’’09). Soit la plus belle manière de clôturer une année qui aurait pu s’avérer bien creuse sans elle. Maintenant, une question reste en suspens : jusqu’où ira-t-elle ?

Ils ont dit…
Dans un entretien qu’elle avait accordée à Eurosport avant de prendre part aux championnats d’Europe à Helsinki, Laure Manaudou avait confié que la course aux records n’était pas forcément ce qui la motivait le plus : «Pour moi, ce n'est pas important. Je n'y fais pas attention. Avant tout, je me fais plaisir. Et je fais plaisir aux gens. Après, les titres, plus il y en, a mieux c'est.» Surtout, la Française garde bien à l’esprit qu’en dépit de cette année 2006 exceptionnelle pour elle, la concurrence, elle, ne continuera pas longtemps à l’admirer béatement sans réagir : «Non, je ne suis pas sereine avant une compétition . Il y a déjà du monde en France qui arrive derrière moi et qui commence à me pousser. Au niveau international, ce sera encore plus difficile. On ne peut jamais arriver sereine à une compétition quand on sait qu'il y aura des filles qui vont tout donner pour vous battre et dont le niveau est proche du votre.» Seul finalement son entraîneur, Philippe Lucas, se laisse aller, pour une rare fois, à un sentiment d’autosatisfaction : «Laure nage dans une autre catégorie où personne ne peut la suivre. Elle est actuellement sur une autre planète.» Tout est dit…

L’œil des spécialistes
Dans les colonnes de L’Equipe, Roxana Maracineanu avait confié son admiration pour Manaudou après son impressionnant record du monde du 400m nage libre :«Après autant de courses, c'est une grosse performance. Je suis étonnée, car je ne m'attendais pas à un tel chrono. Mais à Tours, elle avait déjà battu ce record du monde. Manifestement en plus elle a nagé à fond, alors qu'à Tours elle avait confié avoir jeté un oeil sur ses temps de passage pendant la course. De toute manière, Laure était bien préparée, elle avait confiance en elle et ça a payé. Il faut quand même rappeler qu'elle passe entre 6 et 7 heures à l'entraînement tous les jours et que toutes les autres nageuses ne s'investissent pas autant dans leur sport. Au jour le jour, ce n'est pas évident à vivre, je suis donc admirative. En plus, elle est incroyable tactiquement, elle part très vite et cherche à assommer d'entrée ses adversaires. Il n'y en a pas beaucoup dans les années à venir qui tenteront de suivre son rythme.»

article: http://www.sport24.com/sport24_article_actualite_sportive_evenement__retro_2006__sportifs_de_l_annee__4_7_la_jeune_fille_de_l_eau_12699.html

La déferlante Manaudou
29/12/2006 - 16:05
A 20 ans, la sirène de la natation tricolore a tout gagné, ou presque. Et l'année écoulée a confirmé tout le talent de la protégée de Philippe Lucas. C'est donc sans surprise que vous avez désigné Laure Manaudou comme la sportive française de 2006. Celle qui a trusté les médailles d'or lors des Championnats d'Europe, grand comme petit bassin, arrive en tête des suffrages, avec une infime marge sur Amélie Mauresmo, et Sébastien Loeb. De quoi promettre en tout cas à la championne olympique une nouvelle année riche en événements.


Manaudou, maintes fois plébiscitée en 2006.
Avec son délicieux accent provençal, Daniel Herrero a récemment qualifié Laure Manaudou de "Madone des bassins". L'ex-rugbyman toulonnais est donc lui aussi tombé sous le charme de la nageuse du Canet-Roussillon, mais comment ne pas résister aux chants de cette sirène ? Herrero aurait pu d'ailleurs choisir bien d'autres termes pour surnommer la nageuse française tant elle continue de survoler sa discipline. Comme le rappelle au passage le nom de sa ligne de maillots de bain: Catch me if you can. Depuis qu'elle a commencé sa collection de titres internationaux, lors des Championnats d'Europe 2004, aucune nageuse n'a effectivement réussi à la rattraper et ainsi contester sa suprématie.

Et l'année 2006 aura confirmé cette écrasante supériorité que la protégée de Philippe Lucas exerce sur la natation mondiale, avec une belle moisson de médailles d'or. Pas étonnant alors de voir la nouvelle pensionnaire du Canet-Roussillon truster les récompenses. Après s'être vu décerner le Grand Prix 2006 de l'Académie des sports, et après avoir été élue sportive préférée des Français devant Thierry Henry et Amélie Mauresmo, la nageuse de 20 ans est arrivée en tête chez les internautes de Sports.fr, lorsqu'on leur a demandé de choisir leur athlète préféré de l'année.

Certes, Manaudou devance Amélie Mauresmo d'une très courte tête (14, 74% contre 14, 19%), mais la performance est de taille car elle avait fort à faire avec l'ex-numéro un mondiale du tennis féminin et Sébastien Loeb, triple champion du monde des rallyes, finalement troisième (12,12%). Il faut dire que concernant le palmarès, Manaudou n'a rien a envier à ses concurrents dans une année 2006 encore très riche.

Le 400 en moins de 4 minutes

Laure Manaudou aura régné sur le Vieux Continent, pour ne pas parler de l'Hexagone, en décrochant sept titres, à l'occasion des Championnats d'Europe d'Helsinki en petit bassin (400m, 800m, 100m dos), et ceux de Budapest (400m, 800m, 100m dos, 200m 4 nages). Sans oublier le nouveau record du monde qu'elle a établi sur sa distance fétiche, le 400m, en PB, avec un chrono de 3'56"09 réalisé dans la capitale finlandaise début décembre. Elle détient également celui enregistré dans un bassin olympique (4'02''13) et garde toujours comme objectif de passer sous les 4 minutes: "J'ai en tête cette performance mais je ne pense pas que je le ferai en 2007. Je veux le faire, mais je ne sais pas quand. Dans un an ou deux."

Son palmarès n'est probablement pas le seul critère qui aura séduit les internautes qui, à l'image de Herrero, n'ont pas été insensibles à la plastique de la championne olympique. Une beauté pour laquelle Luca Marin a succombé récemment. C'est sous forme de clin d'oeil au nageur transalpin, champion d'Europe 400m 4 nages et nouveau compagnon de la Villeurbannaise, que Manaudou avait décidé, lors de l'Euro petit bassin, de porter un bonnet aux couleurs italiennes. Ce qui avait déclenché une mini-polémique.

Philippe Lucas ne lui en n'avait pas tenu rigueur. Le dévouement témoigné par la sirène française pour son mentor, n'a d'ailleurs pas changé. Comme la célèbre extrême exigence de l'entraîneur envers ses élèves. "Il se plaint de moi car je suis irrégulière, et il a raison. Il n'y a pas de nageuse plus irrégulière que moi. Mais c'est difficile pour tous les nageurs de rester concentrés tout le temps. Moi, je peux être bien quinze jours et plus bien pendant trois semaines. Mais j'ai réussi avec Philippe et je veux réussir à l'avenir avec lui. Je ne vois pas l'avenir sans Philippe", confiait Manaudou lors des Interclubs de Montpellier. Un avenir qui, en 2007, aura pour centre Melbourne et les 12e Championnats du monde à partir du 18 mars.

article: http://www.sports.fr/fr/cmc/scanner/plus_de_sport/200652/la-deferlante-manaudou_118751.html?popup

Merci Christelle!