Article paru dans Humanité sur l'équipe de France de natation:
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La vague bleue déferle sur l’Europe
Natation . Avec 15 médailles, l’équipe de France a achevé hier en fanfare ses championnats d’Europe. Derrière la superstar Manaudou, les Bleus ont répondu présent.
La piscine de Budapest, hôte des championnats d’Europe de natation, vient à peine de refermer ses portes. Pourtant, les Français ne parlaient hier que d’une ville : Melbourne. Dans huit mois (25 mars-1er avril), la cité australienne accueillera les championnats du monde. En Hongrie cette semaine, les Tricolores ont en tout cas prouvé que la France appartenait au cercle fermé des grandes nations continentales. Reste à conquérir la planète entière.
En 2007, les Bleus pourront compter sur leur arme fatale, Laure Manaudou. La triple médaillée olympique, à peine vingt ans, a atteint des sommets qu’elle n’avait jamais tutoyés. Trois médailles d’or aux championnats d’Europe de Madrid en 2004. Quatre médailles d’or et trois de bronze cette fois-ci.
Une vraie mine. L’entraîneur mulhousien Lionel Horter décrypte le phénomène « Manaudor » : « Elle se prépare pour un objectif précis, mais son talent lui permet de réussir sur de nombreuses autres épreuves. » Jusqu’où peut-elle aller ? Son mentor, Philippe Lucas, pointe ses limites actuelles : « Si elle améliore tous les points où elle est un peu en retrait, elle peut aller plus vite. Mais si ça se trouve, elle n’y parviendra jamais. Il faudra qu’elle fasse le pas. Tout est dans la tête, à condition qu’elle ait la caisse derrière. »
Mais Manaudou n’est pas la seule à pouvoir aller plus haut. Les autres nageurs de l’équipe de France possèdent aussi un beau potentiel. Depuis les quinze médailles des « Europe » de Madrid en 2004, les Bleus surfent sur la vague. « Les Jeux d’Athènes ont servi de déclic, se souvient Fabien Gilot, médaillé de bronze cette semaine avec le relais 4×100 mètres. Quand on voit les autres décrocher des médailles, ça motive forcément. Depuis, nos concurrents font beaucoup plus attention à nous. »
Malgré des minima qualificatifs très relevés, l’équipe de France est arrivée à Budapest avec la plus grande délégation de son histoire. De quoi nourrir un vrai esprit de groupe, comme le relève l’ancienne Biélorusse Alena Popchanka, « bronzée » en 100 mètres papillon : « Nous sommes trente-deux, alors qu’avec l’équipe de Biélorussie on ne se déplaçait jamais à plus d’une douzaine. Les encouragements que l’on s’envoie pendant la course, c’est une nouveauté pour moi. »
Autre nouveauté : les Français sont parfois tellement nombreux sur une même épreuve qu’ils s’éliminent entre eux. Demandez à Malia Metella, médaillée de bronze en relais 4×100 mètres nage libre, mais éliminée en séries du 4×100 mètres. Son temps était pourtant suffisant. Mais ses compatriotes Popchanka et Mongel avaient été plus rapides. Or, seuls deux nageurs d’un même pays peuvent se qualifier dès les demi-finales. Mais la Guyanaise n’en démord pas : « Non, la rivalité est très saine ! En plus, on fait chambre commune avec Alena. Donc on partage tout. »
Une vice-championne du monde cale. Une autre prend le relais. C’est peut-être ça, la principale force des Bleus. Philippe Lucas l’assure : « Maintenant, on n’a plus rien à envier aux autres nations : Camille Muffat (seize ans - NDLR), par exemple, c’est du très très lourd. Je suis absolument persuadé qu’il y a des nageurs de très grand talent en France. » S’il le dit. Lucas est quand même l’entraîneur des deux perles dorées de la natation tricolore, Manaudou et Baron.
Stéphane Guérard et Simon Vanackere
Article paru dans l'édition du 7 août 2006.
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